vendredi, août 21, 2009

Thomas, en plus d'être une Momie, est un bon photographe.

http://sylviomanouel.blogspot.com/

vendredi, août 14, 2009

Iboga

Tout s’est bien passé. En fait j’avais fini le matin de la première nuit.

J’ai fait tout à l’envers. Renaissance, Mort, Mourrant.

Le matin du premier soir j’avais des pouvoirs magiques.

C’était dingue.

Bon après le deuxième soir j’en ai repris qu’une fois, j’étais trop fatigué de la veille et de la journée et j’allais vers le coma.

C’est dur. C’est vraiment très très dur. D’accepter de mourir. Parce que quand ça t’arrive c’est vraiment ta mort. Malgré tout mon bagage, malgré moi je suis mort. Vraiment. Et rester là dedans 12h pendant lesquels tu égrène chaque seconde (tu ne sors jamais de ton corps, et celui-ci rentre dans un coma proche de la mort mais ou tu reste conscient et impotent).

Le corps fait souffrir énormément. Mais surtout ce sont les vannes de l’émotion qui s’ouvre. Tu pleures énormément. Tu es un enfant.

En fait c’est la religion du futur le Bwiti. Accepter de mourir pour aimer ton prochain. Et çà n’est absolument pas un hallucinogène du tout. C’est un lucidogène. Ca te réconcilie avec toi-même. Tu enlèves tous les masques, et quand tu penses en avoir peu, tu te prends une sacrée claque. Tu passes ton temps à t’excuser pour le mal que tu as pu faire par orgueil.

C’est très étrange.

De toute façon je ne tiens pas en place. Et puis tu dors pas aussi, t’as plus besoin, parce que c’est irréversible au fait. La vie est plus la même après, vraiment, même la réalité. Tu restes sous visions. En fait la fonction rêve du cerveau est opérante en continuité. Tu dois juste reposer ton corps, mais tu n’as plus besoin de rêver.

En permanence et il faut gérer le fait que tu deviennes mystique, que la sorcellerie et les tarots etc, sont les vrais sciences, empiriques bricolées, que la science moderne est morbide et sans but.

Avec le Bwiti tu peux sauver l’humanité. La musique du Bwiti est la musique du futur. Les ET sont là c’est sur et tout et tout, il te font une mise à jour, t’as un troisième œil, tu dois prendre tes responsabilités. Ca vrombit..

En tout cas ça te décapsule la tête et, encore une fois, c’est irréversible, ne t’attends pas à prendre une drogue pour l’expérience, c’est l’Expérience.

En fait elle commence par l’initiation et tu déplie après, et ça continue d’etre très douloureux et tu deviens très humble, et tu ne peux plus mentir après, ton corps te le fait payer trop cher, et toute ton alimentation change aussi, parce qu’après la purge, ton corps est totalement neuf. Et du coup il te fait sentir qu’il faut le respecter. Tu peux plus prendre de drogue destructrice après ça.

Le dialogue intérieur s’arrête.

Tu deviens un corps, et plus un esprit dans un corps.

En tout cas, pour moi il y a un avant et un après.



"Initiation à l'Iboga


Iboga
lieu inconnu
Quelques cuillères.
1m90
78 kg

Les effets montent. J'entends des coléoptères tournoyer autour de moi. Je m'étonne ouvertement du nombre de mouches. Ma bassine à dégueuler est rouge sang et des tripes baignent au fond. Je me réjouis de n'éprouver aucune peur.
Je monte sur ma mobylette électrique et à la deuxième cuillère je me mets à voler dans notre nouveau vaisseau spatial. J'écoute les paroles de 'l'initiateur et je fouille dans mon cerveau des images importantes, j'ai quelques pistes, je me sert de l'initiation pour chercher qui est mon véritable grand père maternel, les images s'animent, un homme cherche une femme dans un bus, noir et blanc et pellicule abîmée. Rewind, forward, tout fonctionne. Je zap rapidement, je vais voir où j'ai mal, je trouve pas grand chose, je m'émeus de me voir et de me sourire enfant, je passe sur mes relations incestueuses avec ma soeur, voir si je l'ai jamais forcée. J'ai son visage sur ma queue, je dézoome pour me voir, je me sourit de façon complice, comme un petit diable. Je passe à autre chose, je reviens sur cet homme au bus, après la troisième cuillère toutes les séquences sont en couleur et la définition est excellente.

Marre des souvenirs, rien de traumatisant, je pars chercher dans l'univers. Des grimoires, des chapeaux jaunes sur la tête, je suis à la croisée des connaissances. Les rythmes Bwiti viennent se décomposer et tapoter mes épaules, j'entend distinctement mes voisins visionner, et puis non, ce sont des meuleuses, des ponceuses, qui s'occupent de raboter mes articulations, de tout mettre bien propre, et mes connexions neuronales s'allument de milles feux et je comprends les modifications, et des pygmées métalliques noirs comme des cancrelats jouent de petites boites dans lesquelles sont enfermées d'autre cafards, et ça tourne et mange cuillère sur cuillère en s'appelant "Mon capitaine" ou "Ma gazelle". Quelle bonheur nom de dieu.


La parano débarque; je me pensais immunisé, je ne pensais pas devoir mourir. Les initiateurs sont des extra terrestres, ils vont remplacer mon âme par celle d'un autre, et on y verra que du feux parce que je reviendrai en disant "j'ai changé" et que ce sera vrai, j'aurais été mis sur le carreau. Je fais part de cette parano aux initiateurs, qui rient de façon démoniaques les putes. Je me suis fait enfler.
Comment ?
Je les connais je connais cet endroit. Je l'ai dessiné il y a longtemps, c'est la date de ma mort.
Je compare ce que je vois avec mes images du passé. Je suis en présence de Major Tom et de ses sbires. L'autre étoilé qui me nargue, la Gitane, le Petit Pousse.
Merde.
Je fais croire que la parano est passée pour les comprometre. Je rassemble toutes mes connaissances de l'univers en un point et je déroule ça à l'infini dans un vacarme assourdissant et mes vertèbres font "clacclacclac".

Les pattes des insectes jaune gris noires s'élèvent à l'infini, sont des antennes pour le grand masque bienveillant qui siège à l'ouverture de la bulle de l'univers, par là où est rentré le souffle.
Mes yeux ouverts, des éclairs zèbrent la pièce, les lumières se décomposent en triangles du spectre de la lumière blanche. Je vois la nanotechnologie des E.T (ZA) insérées dans les molécules d'Ibogaïne.
Les images sont enrayées, se déchirent, lancées sur des bobines à pleine vitesse.
Je dois mourir maintenant. Une tristesse infinie m'envahie. C'est pas juste. Pourquoi je dois rester là, seul comme un con sur cette dalle noire au fond du puit, à faire "cliclic" en gris pour l'éternité. je suis acculé, je dois prendre une décision. Je fais un pari en pleurant, le parie que de toute manière on finit tous là et que j'y sois maintenant ou plus tard revient au même.
Je pleure.
Je vois le mal que j'ai fait. Les minutes paraissent des années. Qu'est ce que c'est dur, je ne souhaite cela à personne.
je me suis fait enfler bordel.
Je termine au petit matin, accablé, sans vie. Dans mon esprit plus aucune image. Juste un curseur qui clignote sur un fond noir.
Je dis "En fait c'est une mise à jour".
Et j'ai une nouvelle trousse à outil jaune.
C'est génial merde.
Le soleil se lève et c'est le matin des magiciens.
Je modifie la réalité avec mes yeux d'insectes. Des émeraudes sont accrochées à mes doigts qui lancent des sorts à tout va, des lumières pour émerveiller les enfants.
Et je découvre que le noir dans le noir, et ben c'est bleu.
Et que je peux voir à travers ma main, et décrypter les signes de sorcellerie au pied d'un arbre où un corbeau a laissé sa plume.
C'est complètement dingue.

Je tire une carte de tarot en attendant le début de la deuxième nuit et je tombe sur le Soleil.
Et cette deuxième nuit je fais ce que je veux, je tire la Force comme carte, mais parce que je l'ai choisi, vu que je vois très bien à travers les cartes.
Ça fait rire tout le monde quand je le dis.
Plus tard, j'apparaît dans la pièce et je me regarde, bienveillant, dirigeant notre vaisseau sur les berges d'une mer planétaire.

Merde. C'est bon.
Je suis moi. Mon ami."

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"Les moules sont d'une texture nouvelle, je vous avertis. "
La Voix Ferré